Lectures d’été !
Histoires de moine et de robot par Becky Chambers
Tome 1 : Un psaume pour les recyclés sauvages
Tome 2 : Une prière pour les cimes timides
Une/une moine et un robot font connaissance, cheminent et s’interrogent mutuellement sur leur rôle dans le monde. Ces deux tomes d’une même histoire se lisent très vite, quelques heures chaque, et auraient pu tenir en un seul volume. Ce fut pour moi une très bonne lecture d’été. Ça interroge notre rapport au monde et aux autres mais en toute douceur et bienveillance. Pas de conflits, pas de mystères ou d’énigmes, juste deux personnages cherchant des réponses à quelques questions existentielles.
Plusieurs points m’ont plus particulièrement intéressé
Tout d’abord, c’est ma première histoire que je lis en écriture inclusive. Le pronom « iel » est largement utilisé ainsi que quelques autres astuces pour gommer le genre des personnages non-binaires. Dont le robot qui, bien que fonctionnant surement avec quelque forme de 0 et de 1, n’a pas de genre. Ne confondons pas, il y a binaire et binaire ! Plus sérieusement, c’est très intéressant de voir l’invention de petits mots pour rendre compte de cette réalité comme par exemple « lea » à la place de « le » ou « la » : « il faut lea prévenir ». Ça fonctionne très bien la plupart du temps et apporte même beaucoup de poésie, en particulier quand « iel » est rattaché à un autre mot par une liaison « alors qu’iel arrivait à destination » ou « avait-iel bien pensé à toutes les possibilités ». J’adore. Lorsque le pronom est répété deux ou trois fois rapidement dans la même phrase j’ai par contre trouvé ça plus pesant et ça m’a sorti de l’histoire à plusieurs reprises. Peut-être s’agit-il d’une question d’habitude.
Ensuite, la toile de fond est une société humaine réformée après avoir frisé l’extinction due à la surexploitation de la planète. Le propos est résolument écologiste. Les gestes quotidiens de recyclage, la cuisine, le travail, la construction des maisons, l’organisation de la société, le système monétaire… tout décrit un monde apaisé et respectueux de soi, des autres et de l’environnement. J’ai découvert ce courant littéraire récemment (on parle de solarpunk ou encore d’éco-féminisme) et ça change des futurs dystopiques ou post-apocalyptiques.
Enfin, quand on me parle de robot et de fable écologique, c’est difficile de ne pas penser à toute l’imagerie de Miyazaki. On va ici plus loin que les machines du Château dans le ciel et c’est une forme de vie artificielle très intéressante que Becky Chambers a inventée. Leur mortalité choisie, les sensations laissées par les différents possesseurs des pièces qui les composent, leur absence assumée de but dans la vie…
Je regrette juste que tout passe trop vite, j’ai le sentiment que bien d’autres histoires pourraient racontées dans ce monde-là.